Les Mazures Au delà d'éco-responsable

Depuis 2010, nous défendons une conception respectueuse et durable du tourisme, par la réduction assidue de notre impact sur l'environnement et la création de bénéfices directes pour la nature au travers d'une série d'actions préservant et favorisant la biodiversité. Un engagement reconnu dans le cadre de la Stratégie Nationale pour la Biodiversité.

Les stratégies environnementales sont aujourd’hui profondément ancrées dans le secteur du tourisme au risque parfois de voir cette notion banalisée. Certes les approches sont diverses, et nous pouvons ainsi les aborder de façons multiples, que ce soit à l’échelle des acteurs eux mêmes, des associations locales qui les regroupent et plus encore par les institutions territoriales. Elles restent néanmoins généralement guidées par un même objectif, abordé essentiellement sous l’angle de l’empreinte écologique.

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Il suffit de se pencher sur les critères d’évaluation des labels, qui encadrent bien souvent les offres écotouristiques, pour entrevoir les limites de l’exercice : usage raisonné des ressources, recherches de relais locaux répondant aux contraintes (en particulier les circuits courts), écomobilité… L’ensemble concourt à réduire essentiellement l’impact des activités. Loin de nous l’idée de sous estimer ce travail important et primordial mais les plus attentistes y voient un socle de base, préalable à un engagement complet. Nous sommes de ceux pour qui cette étape relève d’une conscience première et du contrat à minima que devrait remplir aujourd’hui une destination touristique. Reste maintenant à étudier quels sont les bénéfices directes de l’activité touristique. Là encore, un paradigme se dégage.

Responsabilité sociétale

On évoque à souhait les retombées économiques et territoriales, dessinant déjà les contours de l’extension du concept de développement durable avec les premières pistes explorées par la Responsabilité Sociétale et Environnementale (RSE) des entreprises et plus largement l’esquisse de la norme ISO 26000. Cette évolution marque l’implication des acteurs, les amenant à construire une démarche plus personnelle, intégrant une autoévaluation implicite et favorisant une réflexion plus aboutie. Nous observons ici des implications nouvelles, construites autour d’actions ne se limitant plus au rôle de préservation, mais de contribution à l’équilibre général voire de reconstruction de ce dernier.

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L’entreprise investit alors le champs de l’intérêt commun dévolu jusqu’à maintenant aux organisations non gouvernementales et structures associatives. Les ponts entre les deux familles ne sont pourtant pas nouveaux et trouvent leur source dans les fondations et les partenariats souvent pérennes. Intégrés par les grands groupes, ces échanges ont eu plus de mal à se mettre en place à petite échelle et peinent bien souvent à se mettre en place. Face à ce constat, il convient de favoriser et mettre en valeur ces initiatives partagées, relevant d’une dynamique souvent mal appréhendée. Dans le domaine touristique l’exemple emblématique réside dans une idée simple et pourtant peu explorée : la biodiversité.

Engagement initial

Sensibilisés par l’Année Internationale pour la Biodiversité, nous ouvrions en 2010 notre maison d’hôtes “Les Mazures” à Beaumetz, à quelques encablures de la Baie de Somme, avec pour perspective de dépasser l’activité de chambres d’hôtes écoresponsables. Nous débutions notre activité avec le label Clef Verte par l’intégration des contraintes dans la conception même de la structure, et nous engagions parallèlement sur des pistes émergentes. Le tourisme vert se positionnait encore fortement en explorateur des habitats avec les activités guides, la randonnée et les tendances reconnues du “slow tourism”.

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Pourtant, sous l’impulsion d’associations comme la LPO et Noé Conservation, l’intégration de la structure touristique dans un contexte de conservation voyait le jour. Nous testions la dimension de refuge et jardin ambassadeur, faisant des chartes citoyennes un ciment de notre démarche. Nous n’étions pas seuls à voir les bénéfices de cette gestion de l’espace, symbolisée par la multiplication des prairies fleuries et autres aménagements paysagers moins artificiels. L’apparition des sciences participatives en direction du public, motivées par le Museum d’Histoires Naturelles, nous permettaient, par notre simple échelle, d’approfondir ces engagements et les inscrire dans la durée. Très vite, nous mesurions le bénéfice de la démarche, nous familiarisant avec des outils insoupçonnés, confortant l’intérêt du sentiment initial.

Perspective d'évolution

Nous sommes aujourd’hui intimement convaincu du rôle incontestable que le tourisme devrait jouer pour la protection, la préservation et la redynamisation des habitats à la condition d’oeuvrer à son équilibre et, par sa dimension pédagogique, favoriser les comportements responsables du voyageur citoyen. Notre rôle s’articule aujourd’hui atour de trois axes majeurs: observatoire, conservatoire et laboratoire. Après quatre années à oeuvrer sur site, nous ne pouvons nous soustraire au besoin de développer un volet inclusif au risque de n’être qu’un refuge isolé. Nous devons tisser des liens avec la population, affirmer notre rôle d’interlocuteurs avec les élus et institutions locales et poursuivre nos échanges avec nos partenaires stratégiques et associatifs. Cet engagement renouvelé, qui aboutissait il y a peu à intégrer notre structure au réseau des Refuges pour les Chauves Souris, se voit aujourd’hui reconnu dans le cadre de la Stratégie Nationale pour la Biodiversité.

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Une stratégie reconnue

Première structure touristique reconnue par le comité mis en place par le Ministère de l’Environnement et du Développement Durable, elle est par ailleurs la plus petite recensée (record à battre de deux personnes) côtoyant de grands groupes et des associations de renom. Les engagements reconnus au titre de l’année 2013, montrent également la multiplication des acteurs divers par leur taille et leurs pistes d’explorations. Le Ministre, Philippe Martin, n’a pas manqué de souligner à cette occasion l’importance de toutes les volontés mises en oeuvre, quelque soit le statut et l’échelle des projets. La création prochaine de l’Agence pour la Biodiversité devrait permettre l’émancipation de nouveaux contextes et l’addition de nouvelles compétences pour le bienfait d’un pan environnemental finalement encore trop peu exploré. Preuve en est que des pistes nouvelles sont encore à tracer au coeur du tourisme durable. À nous d’être ambassadeurs plus qu’acteurs.